mercredi 21 mars 2012

Pâques


(…)Bien sûr, Pâques est une fête religieuse qui commémore le passage de la Mer Rouge pour la religion juive et la résurrection de Jésus pour la religion chrétienne.
Mais c'est aussi une fête païenne qui annonce l'éveil du printemps.
Du simple œuf dur coloré aux plus prestigieux œufs de Fabergé, l'oeuf de Pâques est resté une tradition dans le monde entier. Si nous pouvions redire son message au moment de Pâques....


Un antique symbole de fertilité
Certaines sources rapportent que les Perses s'offraient déjà des œufs il y a 5000 ans, suivis par les Gaulois et les Romains. Partout dans les cultures païennes, l'œuf semble donc avoir été emblème de vie, de fécondité et de renaissance. Ces traditions ont ensuite été assimilées par la chrétienté. L'œuf de Pâques devient alors un symbole de la résurrection et marque aussi la fin des privations imposées par le Carême.
En Italie, de nos jours encore, on fait bénir les oeufs de Pâques que l'on place au centre de la table. Les oeufs de Pâques russes et ukrainiens sont de véritables oeuvres d'art, aux motifs et aux couleurs très symboliques et géométriques, avec des représentations chrétiennes comme la croix, le Christ lui-même. 

Pâques ukrainiennes
D'année en année, certains seront conservés dans les familles. D'autres, durant le repas de Pâques, des oeufs souvent peints en rouge, seront frappés sur l'oeuf de son voisin, à qui se brisera le premier.
En Occident, jusqu'à ces dernières années, dans les campagnes ou les jardins de la maison en ville, une mystérieuse chasse aux trésors s'organisait au petit matin de Pâques. 

Le voyage des cloches à Rome gravure de Granville

Selon la tradition, en revenant de Rome, les cloches qui se sont tues depuis le jeudi Saint au soir, y répandaient, oeufs, cloches, cocottes et autres gourmandises. La coutume d'offrir des œufs ou des lapins en chocolat est d'origine commerciale.
Dans les pays germaniques et anglo-saxons, ce sont des lièvres de Pâques qui sont censés apporter les œufs. Ils sont eux aussi emblème de fécondité et de la déesse qui donne son nom à Pâques en anglais et en allemand : Easter et Ostern.
La tradition allemande veut, pour les enfants, que ce soit un lapin blanc invisible qui les cache. 

En Alsace, le traditionnel  "Osterlammeleen biscuit

 En Alsace et dans certaines régions d'Allemagne, on confectionne un biscuit en forme d’agneau appelé Osterlammele  ou Lamala.
Aux États-Unis et en Alsace, c'est un lièvre ; en Thuringe, une cigogne ; en Westphalie, un renard ; en Suisse, un coucou.
Ces dernières années, dans bien des familles françaises, se renouent ce geste de jadis au moment du dessert, le dimanche de Pâques. Sur un plateau, se trouvent quelques petits vases de fleurs, des oeufs ou des petits lapins en chocolat. Les vitrines des pâtissiers les ont présentés à la gourmandise. 


Vie et renaissance au coeur des hommes.
La coutume d'offrir des oeufs décorés, teints ou travaillés, existait bien avant l'ère chrétienne. Comme le printemps est la saison de l'éclosion de la nature, l'oeuf, représentant la vie et la renaissance, a été probablement le premier symbole utilisé lors de rituels qui datent de la nuit des temps.

Au printemps, les Égyptiens et les Perses avaient pour habitude de teindre des oeufs et de les offrir pour symboliser le renouveau de la vie. -Dans l'antiquité gauloise, les druides teignaient les oeufs en rouge en l'honneur du soleil. Dans les rituels païens anglo-saxons, on offrait des oeufs colorés à la déesse Eostre. - Plusieurs cultures païennes disposaient des oeufs dans les tombes ou les sépultures pour demander la renaissance de la personne décédée.

Pour les Juifs, l'oeuf est le symbole de la vie mais aussi de la mort. La libération du peuple hébreu a coûté la vie à de nombreuses personnes, et le bonheur n'est jamais absolu pour les eux. A Pessa'h les Juifs trempent un oeuf dans de l'eau salée en souvenir de toutes les larmes versées suite à la perte de leur indépendance. 

La résurrection de Jésus-Christ par Albrecht Altdorfer
Puisque Pâques, pour les chrétiens, célèbre la résurrection du Christ eut lieu au printemps, le symbolisme de l'oeuf y a trouvé aussi sa place dans les rites familiaux. 
Cette coutume d'offrir des oeufs le matin de Pâques est apparue vers le IV ème siècle en Europe, et se retrouva en Egypte autour du XI ème siècle, puis en France, en Alsace, vers le XV ème siècle.

Dès le IVème siècle, l'usage des oeufs pendant la pénitence de quarante jours est interdit par l'Eglise. Une grande quantité d'oeufs se trouvant entassée dans les provisions de ménage, le moyen le plus expéditif de s'en débarrasser était de les donner aux enfants.
Dès le jeudi saint, les enfants en commençaient la collecte. Ils allaient en bande, précédés des enfants de choeur et ramassaient dans des corbeilles les oeufs qu'on leur donnait. Dans le Béarn, cette quête se faisait la veille de Pâques, appelée alors " le samedi des oeufs ".
Et le jour de Pâques, tous ces oeufs étaient dégustés en omelette.

Quête des œufs de Pâques au Moyen Age

 Dans les cours royales
Progressivement cette coutume populaire va aussi s'instaurer dans les cours royales, mais elle y perdra le véritable symbole qui est le sien. A la Renaissance, l'oeuf décoré populaire inspira des artistes : après l'oeuf de poule ordinaire, on en confectionna en verre, en porcelaine, en bois... 
En l'an 1200, sous Edward I en Angleterre, on retrouve, dans la comptabilité du palais royal, la somme de 18 pences versée pour l'achat de 450 oeufs qui devaient être peints à la feuille d'or avant d'être distribués aux membres de la famille royale. Les oeufs recouverts d'or apportent la richesse à ceux qui les reçoivent.

500 ans plus tard le roi Louis XIV en fait aussi une institution. D'une part, ses gens devaient lui apporter le plus gros oeuf pondu en son royaume durant la Semaine Sainte et, lui-même, le jour de Pâques, entouré de grandes corbeilles, distribuait en personne des oeufs peints à la feuille d'or à ses courtisans aussi bien qu'à sa valetaille.

La surprise contenue dans l'oeuf est une tradition qui remonte au XVIème siècle, et certaines sont même passées à l'histoire tant elles étaient exceptionnelles : c'est le cas de la statuette de Cupidon renfermée dans un énorme oeuf de Pâques offert par Louis XV à Madame du Barry, du brûle-parfum trouvé en 1770 par Catherine II ou encore de la minuscule poulette cachée dans un oeuf précieux conservé à Copenhague dans les collections royales du château de Rosemborg. (…)
….
Par le père Jacques Fournier

Et c'est au XVIIIe siècle, en France, qu'on décida de vider un oeuf frais et de le remplir de chocolat
L'expression "Faire ses Pâques" signifie communier, au moins une fois dans l'année, à cette date. C'est le cas depuis le concile de Latran au XIIIè siècle. Le "Temps de Pâques" varie pour chaque diocèse, une quinzaine de jours avant et après la fête de Pâques.
Les cloches sonnent à toutes volées le jour de Pâques…  Dans les campagnes autrefois, les cloches sonnaient chaque jour de l'année, pour inviter les fidèles à assister à la messe. 
Sauf au moment de Pâques, où elles restent silencieuses du Jeudi au Samedi saint.


Plusieurs Versions

Pâques est une des principales fêtes chrétiennes. Elle empreinte son nom à la fête juive, la Pâque, qui se déroule à la même période. Deux fêtes qui n'ont pourtant pas la même signification

La libération du peuple hébreu

Dans la religion juive, Pâque est "la fête des fêtes". Elle commémore la fuite d'Egypte du peuple hébreu, soumis à l'esclavage à l'époque de Pharaon. D'après la Bible et le livre de l'Exode, le jour de Pâque, la Mer Rouge se serait ouverte pour laisser passer Moise  et les Hébreux, poursuivis par les troupes de Pharaon, leur permettant ainsi de rejoindre la Terre Promise d'Israël. Pâque marque donc la naissance du peuple d'Israël et se veut, plus largement, une fête de liberté. En hébreu, Pâque se dit d'ailleurs "Pessah" qui signifie passage.

Passage de la Mer Rouge. Bible, France, XIIe siècle. BNF, manuscrit latin.

Les Pâques chrétiennes : la résurrection de Jésus

la résurrection du Christ

Selon les évangiles, la mort et la résurrection du Christ ont lieu au moment de la Pâque juive, ce qui explique que la fête chrétienne emprunte le même nom. Pour les chrétiens, Pâques célèbre la résurrection de Jésus, trois jours après sa mort, et le passage vers la vie éternelle. Cette croyance en la résurrection est le fondement du christianisme. C'est une des fêtes les plus importantes de l'année -pour les orthodoxes, la plus importante- qui s'échelonne sur toute la Semaine sainte.

Le repas de Pâques

Pain azyme, vin, agneau..les rites chrétiens s'inspirent de la Pâque juive, qui elle-même plonge racine dans d'antiques traditions païennes
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La Cène et l'eucharistie

Dans les évangiles, et lors de son dernier repas, Jésus bénit le pain et le vin, qu'il présente comme "son corps et son sang". Il demande alors à ses disciples de perpétuer ce rite en sa mémoire, rite permettant la rémission des pêchés. Pour les chrétiens, l'eucharistie est la commémoration de ce repas, mais aussi du sacrifice de Jésus, sacrifice censé enlever le pêché originel des hommes. Les catholiques croient en la présence réelle de Jésus dans le pain azyme et le vin bénis lors de la messe. C'est le mystère de la "transsubstantiation". Les protestants ne voient dans l'eucharistie qu'un rite symbolique.

Le coupe de vin et le pain azyme

L'influence des traditions juives sur l'eucharistie est manifeste : le soir de la Pâque, les juifs célèbrent en effet le Sédèr, le repas pascal. Sur la table, figurent 7 mets symboliques, comme des herbes amères pour rappeler les souffrances du peuple hébreu avant sa libération, mais aussi du pain azyme. Ce pain sans levain est consommé en mémoire de la fuite d'Egypte durant laquelle les Hébreux n'eurent pas le temps de faire lever le pain. Pendant 7 jours avant et après la Pâque, le pain levé est proscrit et remplacé par des Matzoth, galettes de pain azyme. Une tradition qui s'inspire aussi de l'antique fête agricole des azymes, célébrant la moisson de l'orge.
Sur la table du Sédèr également, une coupe de vin est réservée au Prophète Elie dont le retour est attendu.

L'agneau pascal


Manger de l'agneau est une tradition que l'on retrouve dans de nombreux pays. Pour les chrétiens, l'agneau fait référence au Christ, "l'agneau de Dieu", donnant sa vie en sacrifice, qui conduit le troupeau, les brebis de Dieu. Mais dans la Bible, le sacrifice de l'agneau est aussi commandé aux Hébreux, avant la traversée de la Mer Rouge. Avec le sang de cet agneau, ils marquent leur maison, échappant ainsi à la dixième plaie d'Egypte, la mort des nouveaux nés. Un rite pastoral que pratiquaient déjà les peuples nomades
L'agneau et la brebis ont toujours représenté la pureté, l'innocence, la justice. Autrefois porteurs de chance, on racontait même que le diable pouvait prendre la forme de n'importe quel animal à l'exception de la brebis.

Souhaits donnés à l'occasion de Pâques

 Allemagne : « Frohe Ostern » Angleterre: « Happy Easter » arabe : « المسيح قام » ; «عيد فصح مجيد»

Belgique : « Joyeuses Pâques » Canada, le jour de Pâques : « Joyeuses Pâques », « Happy Easter »
France, à la fin de la veillée ou le jour de Pâques : « Joyeuses Pâques »  Italie : « Buona Pasqua »

 
D'où viennent les oeufs de Pâques ?



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