La statue
de Pierre le Grand de Etienne Maurice Falconet (aidé de Marie-Anne Collot et
Fiodor Gordeïev) a été inauguré en 1782, est appelée« Cavalier de
bronze ».
Un des symboles de Saint-Pétersbourg mis en valeur par le
poème de Pouchkine qui a grandement
contribué à sa popularité
Le Cavalier de bronze
est un poème composé par Alexandre Pouchkine en 1833. Ce long poème narratif a
été inspiré à Pouchkine par la célèbre statue équestre du tsar Pierre le Grand fut commandé par l'impératrice Catherine II.
Ce monument se trouve au centre de Saint-Pétersbourg, sur la place des Décembristes
(anciennement place du Sénat), à quelques pas de la Neva. Il figure l'empereur
monté sur son cheval, juché lui-même sur un énorme rocher de granit.
Le Cavalier
de bronze a été composé pendant une des
périodes les plus paisibles de la vie de l'écrivain. Ses années d'exil
(1820-1826) n'étaient plus qu'un mauvais souvenir, malgré la pesanteur du
contrôle policier auquel il était toujours soumis
Le Poème
Débute par un
hommage à Pierre le Grand. Le tsar, ayant défait les armées suédoises, décida,
pour ouvrir à la Russie une « fenêtre sur l'Europe », de construire
une nouvelle capitale à l'extrémité occidentale du pays.
La ville fut édifiée
au milieu des marécages finnois, sur un terrain constamment menacé par les
crues de la Neva (un chantier pharaonique au coût humain énorme). Ainsi naquit
Saint-Pétersbourg, à la fois symbole de la grandeur du tsar, et de sa
brutalité; de l'ouverture d'un pays sur l'occident; et de la fragilité de
celle-ci.
Suit une
déclaration d'amour de Pouchkine à Pétersbourg.
Le poète y décrit les
splendides monuments de la ville, des palais de Rastrelli à la flèche de
l'amirauté, en passant par les quais de la Neva. Il évoque aussi les années
consacrées à la fête et à l'écriture qu'il passa dans la ville, avant d'être
exilé par les autorités dans le sud de l'empire, en raison de quelques poèmes
impertinents.
Vient,
finalement, le poème proprement dit:
une sorte de conte fantastique qui se
déroule lors d'une des terribles crues de la Neva. Un jeune homme, Eugène,
trouve refuge sur la statue d'un lion d'où il assiste à la catastrophe.
Lorsque
les eaux se calment un peu, il se précipite vers le quartier populaire de
Pétersbourg ou habite sa promise, Paracha. Hélas, la maison de celle-ci a été
emportée par la Neva. Eugène, devenu à moitié fou, se met à errer en ville.
C'est ainsi qu'il se retrouve un jour sous la statue de Pierre le Grand. Il
défie l'empereur qu'il juge responsable du drame.
Soudain, il a le sentiment
que la statue s'est mise à bouger et qu'elle se lance à sa poursuite. Le
malheureux fuit éperdument. On retrouve son cadavre dans une petite île perdue
au milieu des marécages.
" Je t'aime, chef-d'oeuvre
de Pierre; J'aime cette grâce sévère, Le cours puissant de la Néva, Le granit qui borde sa rive, Près des canaux les entrelacs Des grilles, et les nuits
pensives, Leur ombre claire, leur éclat. Voilà! Chez moi, point de
bougies. Je lis, j'écris à la clarté Qui baigne les rues endormies. L'aiguille de l'Amirauté Brille au loin. Sur le ciel que
dore Un éternel rayon, l'aurore Se hâte d'aller relever Le crépuscule inachevé Et la nuit dure une heure à
peine. [...]
Vis, resplendis, ville de Pierre. Comme la Russie reste fière Inébranlable en ta beauté! L'élément que tu as dompté Puisse-t-il oublier sa haine! Que jamais sa colère vaine Ne vienne en son repos troubler Le Fondateur de la Cité! "
Oui je t'aime,
cité, création de Pierre ;
J'aime le morne aspect de ta large rivière,
J'aime tes dômes d'or où l'oiseau fait son nid,
Et tes grilles d'airain et tes quais de granit.
Mais ce qu'avant tout j'aime, ô cité d'espérance,
C'est de tes blanches nuits la molle transparence,
Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs,
Que l'amant puisse lire à tes douces pâleurs
Le billet attardé, que, d'une main furtive,
Traça loin de sa mère une amante craintive.
Alors, sans qu'une lampe aux mouvantes clartés,
Dispute à mon esprit ses rêves enchantés,
Par toi seule guidé, poète au cœur de flamme,
Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme.
Et toi, pendant ce temps, crépuscule argenté,
Tu parcours sur ton char la muette cité,
Versant aux malheureux, dans ta course nocturne,
Le sommeil, doux breuvage échappé de ton urne,
Et regardant au loin, comme un rigide éclair,
L'Amirauté dressant son aiguille dans l'air.
Alors, de notre ciel par ton souffle effacée,
Vers le noir occident l'ombre semble chassée,
Et l'on voit succéder, de la main se touchant,
La pourpre de l'aurore à celle du couchant.
Alexandre Pouchkine
Le Cavalier de bronze
Traduit par Alexandre Dumas
La Neva devant Le cavalier de
bronze la cathédrale Saint Isaac au fond (1840)
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